Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/486

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Ma femme était tourmentée : « Mais tu n’es sorti que pour aller chez M. More. — Ma chère amie, quand tu me mettrais dans une boîte, ils me feraient parler par le trou de la serrure. »

Je me rendis à la Mairie, devant M. Leblanc : « Que me voulez-vous, Monsieur le Maire ? — Mon brave, vous êtes dénoncé. — Ce n’est pas possible, je ne suis sorti de chez moi que pour aller chez M. More ; je ne quitte ma petite boutique que pour aller faire mes emplettes, je ne sors pas, je n’ai été au café qu’une fois depuis que je suis marié. Je vous prie de garder l’infâme qui me dénonce ; mais, je crois ne pas me tromper, il passe de temps en temps des prisonniers qui demandent des secours avec une liste des noms de tous les officiers, je leur donne 3 francs. Aux plus mal chaussés, je donne mes bottes et mes souliers, mais je n’ai plus rien à leur donner. Je parie que je suis la dupe de mon bon cœur, que c’est des espions au lieu d’être des prisonniers. Vous devez savoir cela, Monsieur le Maire, c’est la police de Paris que l’on fait venir pour me perdre, mais je ne laisserai pas entrer un seul individu chez moi, je les recevrai à la porte. »

Je crois avoir mis le doigt sur le mal, car le maire me dit : « Vous pouvez vous retirer. — Je vous salue, Monsieur le maire. » Je rentrai chez moi : « Eh bien ! me dit ma femme, que te