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vier, je reçus une réponse, mais quelle est ma surprise de voir sur l’adresse : À M. le capitaine Coignet, officier de la Légion d’honneur ! Je me dis : « Ils se moquent de moi, ils me dorent la pilule pour ne pas me donner mes 100 francs. » Je décachette la lettre ainsi conçue : « Monsieur, les cent francs que vous réclamez ne vous sont point dus (je fus prêt à ôter ma casquette pour les remercier). Vous avez été nommé le 5 juillet 1815 par le gouvernement provisoire, puis le 28 novembre 1831 par le Roi, officier de la Légion d’honneur. Par conséquent, vous n’avez pas droit aux cent francs, vous êtes porté pour 250 francs qui vous seront payés annuellement. Signé : Le Secrétaire général de la Légion d’honneur, Vicomte de Saint-Mars. »

Me voilà donc nommé pour la troisième fois, mais qui a pu me faire nommer par le gouvernement provisoire ? Me creusant la tête dans mes vieux souvenirs, je me suis rappelé la plaine des Vertus, le 30 juin, et le bel officier supérieur qui a pris mes nom et prénoms. C’est peut-être lui, il m’a pourtant dit son nom quand il m’a vu couper le nez à cet officier prussien. Ah ! je le tiens, il se nomme Bory de Saint-Vincent. Quel bonheur pour moi de pouvoir citer un pareil homme !

Je reçus mon brevet et des lettres de tous ceux qui s’intéressaient à moi : le comte Monthyon, M. Larabit, ma belle-sœur Baillet,