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LES CAHIERS

cours à l’écurie, mets le bridon à mon bidet, et fais jaillir l’eau pour rattraper mon déserteur. M. Potier me crie : « Doucement ! appuyez à droite. »

Ses paroles se perdent. Je prends trop à gauche ; je me plonge dans un trou où l’on avait amorti de la chaux. Du même bond, mon cheval me sort du trou. Je ne voyais plus. Comme je tenais mon cheval ferme de la main droite, je m’essuyai la figure et poursuivis ma bête, qui filait dans les prés. Enfin, en luttant contre l’eau, je gagne le devant de mon cochon ; lorsqu’il eut le nez tourné du côté de la maison, il revient comme je le désirais. Arrivé dans la cour, je lâche mon bidet, bien transi de froid. Mes maîtres m’attendaient sur le perron, et les grosses filles de regarder ce pauvre petit orphelin trempé, pâle comme la mort, mais j’avais sauvé le cochon de mon maître.

« Venez, mon ami, me disent monsieur et madame, venez vous changer. » Ils me mènent dans leur belle chambre où un bon feu était allumé, et les voilà à me déshabiller tout nu comme je suis venu au monde. « Buvez, disent-ils, ce verre de vin chaud ! »

Les voilà qui m’essuient comme leur propre enfant, et m’enveloppent dans un drap. M. Potier dit à son épouse : « Ma chère amie, si tu lui donnais une de mes chemises neuves, il pourrait bien l’essayer. — Tu as raison, ce pauvre petit