Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/75

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de propreté. La table, les bancs, tout était ciré. Ne sachant que dire à cette aimable dame, je lui dis : « Je conterai tout ce que j’ai vu à Mme  Potier. — Nous y allons trois fois l’hiver dîner et passer la soirée. Comme l’on est bien reçu chez M. et Mme Potier ! » Ces messieurs arrivent. Je me retire. M. Potier me fait signe et me met vingt-quatre sous dans la main. « Vous donnerez cela au garçon d’écurie ; faites brider, nous partirons. » On amène nos deux bidets, la belle fermière dit à M. Potier : « Le bidet de votre domestique est charmant, il me conviendrait. Si mon mari était galant, il me l’achèterait, car le mien est bien vieux. — Eh bien ! voyons cela, dit celui-ci, veux-tu l’essayer ? Fais mettre la selle, et monte-le. Tu verras comme il va. » On apporte la selle de côté. Je lui dis : « Madame, il est très doux, vous pouvez le monter sans crainte. » Voilà madame à cheval et qui part au trot, va en tous sens à droite et à gauche, disant : « Il a le trot très doux. Je t’en prie, mon mari, fais-moi cadeau de ce bidet. — Eh bien ! monsieur Potier, il faut le lui laisser, dit le mari. Nous nous arrangerons. Combien me le vendrez-vous ? — Trois cents francs. — Ça suffit, te voilà contente. Maintenant, c’est toi qui donneras le pourboire au garçon. — Oh ! de suite, venez ! me dit-elle.