Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/79

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cheval de devant les points que je vous montre, ne faites pas attention à votre charrue, tenez vos guides et fixez bien vos trois points. Aussitôt que le premier sera dépassé, vous en ressaisirez un autre. »

De suite, j’arrive au bout de mon rayage, je regarde ma première raie ; elle était droite. « C’est bien, me dit M. Potier, ça n’est pas tremblé. Je suis content ; ça va bien ; continuez. » Il eut la complaisance de rester deux heures et il me ramena à la maison, où madame l’attendait. « Eh bien ! lui dit-elle, et la charrue, comment s’en est-il tiré ? — Très bien. Je t’assure que Pron est content de lui ; ça fera un bon laboureur. — Ah ! tant mieux ; ce pauvre enfant. Pron a eu une bonne idée de se charger de lui montrer à tenir la charrue. Je veux qu’il apprenne à semer ; il commencera par semer des vesces, et puis du blé. »

Le lendemain, je m’aperçus que tous les domestiques me faisaient une mine gracieuse. Je ne savais ce que cela voulait dire. C’étaient monsieur et madame qui leur avaient conté mon histoire. Enfin je fus l’ami de tout le monde. M. Potier avait sept enfants ; c’est moi qui allais les chercher dans les pensions et les ramenais. C’étaient des fêtes pour eux et pour moi. J’étais de toutes les parties, à pied et en voiture. C’est moi qui réglais tous les petits différends entre les demoiselles et leurs frères.