Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/93

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me faire une jolie corbeille. — Il me faut du buis pour faire une belle allée, et beaucoup de sable, et des planches pour faire des bancs dans le berceau de madame. — Et pour votre maître, que faites-vous ? — Le maître reste à côté de madame. — À la bonne heure ! Mais, Jean, où prendrez-vous le sable ? — Monsieur, je l’ai trouvé. — Et où ? — Sous le petit pont près de l’abreuvoir. Je l’ai visité tout à l’heure ; j’en ai trouvé trois pieds de hauteur. — Il faudra le faire tirer. — Non, monsieur, on le chargera sous le pont cet été ; vous savez que toute la fausse rivière est à sec, et nous sortirons par l’abreuvoir. — C’est cela ! — Il nous en faut bien vingt tombereaux ; vous savez que l’allée a huit pieds de large. — Ma femme, dit mon maître, fais venir ton jardinier, car Jean va nous faire une route dans notre jardin. — Je prie madame de faire venir du buis et des rosiers pour planter le long de l’allée. »

Le jardinier arrive le soir, et madame le mène de suite au jardin, disant : « Jean, venez faire voir votre ouvrage ? »

Le jardinier fut surpris. « Eh bien ! dit-elle, que dites-vous de la folie de Jean ? — Mais, madame, c’est superbe pour le tracé. Vous pourrez vous promener quatre de front, et, comme vous avez des enfants, ils ne gâteront pas votre jardin. — C’est vrai, dit-elle. Eh bien ! il faut venir demain, car il se tuerait, il a mis cela dans