Page:Cointeraux - Ecole d architecture rurale, Pise, 1er cahier, 2nde edition.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ce premier cours parachevé, il faut procéder au second : à cet effet, nous allons nous trouver dans la nécessité de nous procurer des tranchées dans le pisé qui vient d’être fait, pour y pouvoir placer de nouveau les clefs du moule.

Pour accélérer l’ouvrage, j’ai trouvé un moyen, en faisant faire un nouvel outil tracé planche II, fig. 12, et que je nomme pioche tranchante : elle a, d’un côté, une espèce de hache ou de taillant ; l’autre est en forme de langue de bœuf, c’est-à-dire qu’elle ne vient pas en pointe comme une aiguille, mais qu’elle s’alonge de la même largeur, et qu’elle est un peu courbée et aiguisée, ainsi qu’on le voit en plan par la fig. 13. Je ne saurois trop recommander de faire forger un pareil outil, qui est si commode et expédie tant le travail.

Reprenons la suite de nos opérations. Si nous avons commencé le pisé de la maison, planche IV, par l’angle A, en alignant le moule à E, il faut, pour la seconde assise, recommencer de A, en alignant à F : ainsi, lorsque le premier cours d’assise aura parti à droite, il faut, pour le second, partir à gauche ; le troisième cours recroisera à droite, le quatrième à gauche, ainsi alternativement tous les autres jusqu’à la cime du bâtiment ; ce qui se fait bien sentir en voyant les façades, planches V et VI.

On conçoit aisément qu’avec cette précaution, on met toutes les jonctions inclinées des pans de mur en sens contraire ou opposé, ce qui ne contribue pas peu à la solidité des maisons faites en terre : qu’on y ajoute les liaisons que se font réciproquement les pans de mur qui se croisent dans les angles et sur les murs de refend, marqués A, B : G et H. Sur les élévations, planches V et VI, on trouvera que cette construction simple est aussi bonne que la maçonnerie la mieux faite.

Nous ne craindrons point de surcharger le second rang de pisé sur le premier, quoique fraîchement fait,