Page:Cointeraux - Ecole d architecture rurale, Pise, 2nd cahier, 1791.djvu/28

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ſouterreins dans la forme d’un arc fort bombé ? Pour moi je vais raconter ce que j’ai vu dans ma jeuneſſe ; je ne m’attendois pas alors que j’en duſſe faire un jour une ſi bonne application.

« J’ai été élevé à Lyon au pied de la montagne de Fourvière & dans une maiſon à côté de laquelle ſe trouvoit une très-grande & très-haute cave ſous cette montagne ; mon parent s’en ſervoit pour y fermer & pour y faire vendre ſon vin. Un architecte fut appelé pour des réparations, & voyant cet appartement ſouterrein, ſans murs, ſans voûte, ſans aucun pilier, ni aucune maçonnerie, il ne pouvoit ſe raſſaſier de l’admirer ; j’étois à ſes côtés ; (les jeunes gens comme l’on ſait ſont curieux) & je me ſouviens très-bien qu’il attribua la ſolidité de cette cave, qui ſervoit en même tems de cabaret, à la nature du terrein, qu’il dit être un gord ; c’eſt ainſi qu’il nomma la qualité de la terre qui étoit rougeâtre & farcie de petits graviers ou caillous ; c’eſt auſſi pourquoi le piſé de terrein graveleux devient exceſſivement dur. »

On ſait que les terres mouvantes ne peuvent ſe ſoutenir que lorſqu’elles ont 45 degrés de pente ; mais quel eſt celui qui n’a pas remarqué dans ſa vie des terreins coupés à angle droit ou à plomb, ſoit pour les grands chemins, ſoit pour gagner l’emplacement d’une maiſon ou agrandir une cour au pied d’une colline ? ces terres ainſi coupées depuis nombre d’années, ſe ſoutiennent toujours lorſqu’elles ſont d’une qualité compacte, forte & graveleuſe.

On creuſe des puits, mais on ne les mure pas toujours, on en a mille exemples & il s’en trouve pluſieurs à Paris : M. Vilmorin, marchand grainier & fleuriſte, ſe ſert depuis ſix années de deux puits d’environ douze toiſes de profondeur, qu’il a fait creuſer