Page:Cointeraux - Ecole d architecture rurale, Pise, 2nd cahier, 1791.djvu/31

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réduit par la maſſivation à moins de la moitié de ſon premier volume.

On a penſé que la conſiſtance du piſé ne provenoit que de l’évaporation de la petite partie d’humidité qui ſe trouve naturellement à la terre ; mais voici l’expérience que j’ai faite.

« J’ai fait maſſiver un petit volume de piſé : en ſortant du moule, il a peſé 39 livres & demie ; quinze jours après, ſon poids a diminué de 4 livres un quart ; quinze jours enſuite, ce poids n’étoit diminué que d’une livre ; quinze jours plus loin cette diminution n’étoit plus que de demi-livre. »

Dans l’eſpace d’environ quarante-cinq jours, la deſſication a été parfaite, & le poids ne s’eſt trouvé diminué que d’environ un huitième : il n’y a donc que la huitième partie du volume qui contient l’humidité, ce qui n’eſt pas capable d’empêcher la conſiſtance du piſé : c’eſt auſſi pourquoi ce genre de bâtir eſt diamétralement oppoſé aux conſtructions que l’on fait avec la terre pétrie, celle-ci ne peut ſe préparer qu’en y ajoutant beaucoup d’eau pour pouvoir la broyer, ce qui lui ôte toute ſa conſiſtance : on en ſent la raiſon : l’eau, occupant beaucoup de place dans la terre que l’on rend comme la boue, lui laiſſe en s’évaporant une multiplicité infinie de pores, ou d’innombrables petites cavités ; cette énorme quantité de places vides, rend la terre pétrie, incapable de ſupporter pluſieurs étages & les plus grands fardeaux, comme le piſé les ſoutient.

On a penſé encore que la denſité du piſé ne ſe procuroit que par les coups du battoir qui faiſoient ſortir l’eau de la terre : j’ai la preuve du contraire ; il eſt tellement vrai que la preſſion de la terre ne chaſſe point ſon humidité naturelle, puiſqu’auſſitôt qu’un pan de mur eſt fait, on enlève le moule de bois, & jamais je n’ai