Page:Cointeraux - Ecole d architecture rurale, Pise, 2nd cahier, 1791.djvu/33

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ainſi que celle des animaux & végétaux, par exemple, comment paſſent les ſucs nourriciers de la terre dans les fibres des racines infiniment menues & déliées ? C’eſt donc pour toutes les formations ou créations dans la nature un travail inviſible à l’homme, dirigé par la main du Créateur de l’univers, & c’eſt encore la nature, qui, à l’égard du piſé, nous permet ſecrétement d’élever à 30, à 40 pieds un mur fort mince, qui, non-ſeulement ſe ſupporte lui-même ſans aucun mortier, mais encore qui ſoutient toits, planchers, & toutes les charges que l’on veut mettre dans les étages de la maiſon.

La maſſivation de la maçonnerie en mortier & celle de la maçonnerie en piſé ſont véritablement un don de la Providence ; ces deux genres de conſtruction, trop peu connus, trop peu uſités, ſeront traités à fond dans le cours de cet ouvrage : on y indiquera toutes les circonſtances auxquelles on doit les appliquer, & elles ſont infinies, puiſque ces deux arts peuvent nous éviter de faire mille uſtenſiles que nous faiſons en bois ; remédier à mille incommodités que nous éprouvons dans nos habitations ; prévenir mille pertes que nous eſſuyons pour les travaux, la fabrication & la conſervation de nos récoltes ; épargner mille dépenſes que nous faiſons mal-à-propos dans nos manufactures ; diminuer des frais de double emploi que nous faiſons ſans nous en appercevoir dans nos bâtimens de la campagne : mais avant de parler de tous ces objets, je continuerai toujours l’art du piſé par lequel j’ai commencé ce cours.

Introduction sur les qualités des terres.

L’idée de la maſſivation que le lecteur poſsède à préſent, lui ſera d’un grand ſecours pour choiſir lui-