Page:Cointeraux - Ecole d architecture rurale, Pise, 2nd cahier, 1791.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’on épargne avec le piſé : cet art eſt ſi économique & ſi peu embarraſſant, que les habitans qui le connoiſſent s’en ſervent, quoiqu’ils aient leurs habitations au pied des carrières de pierres. Eh, pourquoi ? parce que le payſan ſait bien compter ; il calcule que s’il conſtruit avec les pierres, il lui faut d’abord les acheter ou les faire extraire ou faire cet ouvrage lui-même, ſacrifier ce tems qu’il pourroit mieux employer à ſon champ ; il calcule, que, quoiqu’il ſoit voiſin des carrières, il eſt toujours obligé à un petit tranſport un peu coûteux ; il juge qu’il peut mettre dehors ces frais, ou ſon tems, parce que le prix de la main d’œuvre de la maçonnerie en pierre eſt le même que celui de la main d’œuvre du piſé ; il voit plus loin & ſait que la pluie fait couler ſur les murs de pierres le mortier de terre ſans chaux qui les lie, & que s’il veut éviter les éboulemens ſucceſſifs qui arrivent à ces conſtructions factices, il ſe conſtitue en des frais ruineux pour lui ; car l’enduit en chaux & ſable que l’on eſt obligé de mettre à diverſes repriſes, c’eſt-à-dire, à pluſieurs couches pour pouvoir regarnir les joints ouverts ou dégradés de ces murs de pierres, cet enduit, dis-je, conſumant une grande quantité de chaux, cauſeroit la ruine d’un pauvre cultivateur, s’il lui falloit faire cette réparation urgente à ſa maiſon & aux murs qui encloſent ſa cour. Outre tous ces inconvéniens, on a encore celui de ne pouvoir jamais ſe ſervir de ces murs de pierre faits ſans le vrai mortier pour y appuyer ou exhauſſer une maiſon, tandis qu’avec le piſé, on peut toutes les fois qu’on le deſire, même dans 10, 20 ou 30 années adoſſer contre cette ſolide conſtruction une bâtiſſe ou un mur de clôture ; on peut même charger ce mur, ou cette bâtiſſe de piſé d’un ou de deux étages : en un mot, le piſé n’eſt pas ſujet aux réparations continuelles comme les autres conſtructions.