Page:Cointeraux - Ecole d architecture rurale, Pise, 2nd cahier, 1791.djvu/64

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On établit en général pour baſe dans toute la France le toiſé des murs en pierres à un pied d’épaiſſeur, & on n’augmente pas le prix ; mais le toiſé à proportion que les murs ſont plus épais.

Il n’en eſt pas tout-à-fait de même du piſé : on établit ſa moindre épaiſſeur à un pied & demi, & on augmente de même le toiſé à fur & à meſure que le mur ſurpaſſe cette épaiſſeur ; & ſi le mur de piſé a moins de 18 pouces, pour cela, on ne diminue pas le prix, par la raiſon qu’il faut plus de ſoin & de perte de tems pour conſtruire un mur de 12 à 15 pouces que s’il en avoit 18 : celui-ci, il eſt vrai, emploie plus de terre à preſſer ou à piſer ; mais le ſurplus de main d’œuvre ſe trouve bien compenſé par la gêne que cauſent les autres murs qui ont moins de groſſeur.

La raiſon en eſt frappante ; les ouvriers ſont plus à leur aiſe dans le moule qui doit faire un mur de 18 pouces d’épais, que lorſque ce moule eſt plus reſſerré pour bâtir des murs plus minces ; car entre les deux coudes d’un ouvrier piſeur, il lui faut bien, pour l’aiſance de remuer, ces 18 pouces de largeur.

Etabliſſons donc pour première règle, que tous les murs de piſé depuis un pied & demi d’épaiſſeur juſqu’à la moindre qu’on voudra donner ou plutôt qu’on pourra faire, ſeront payés au même prix de la toiſe quarrée ; c’eſt-à-dire, que les murs de 10, 12, 15 pouces plus ou moins d’épaiſſeur doivent être portés au même prix que s’ils en avoient 18 ; établiſſons pour deuxième règle que tous les murs qui excéderont cette épaiſſeur d’un pied & demi, ſeront toiſés en augmentation du nombre de toiſes, & payés ſur le pied du prix convenu entre les propriétaires, entrepreneurs ou ouvriers, quoiqu’ils n’aient entendu les uns ou les autres dans le marché que la toiſe ſuperficielle des murs.