Page:Colebrooke - Essais sur la philosophie des Hindous.djvu/11

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quelque jour sur l’histoire de la philosophie, ou, du moins, sur les procédés de l’esprit philosophique. L’Essai sur les Bouddhistes contiendra plusieurs rapprochements tirés des livres chinois qui confirmeront l’admirable exactitude de M. Colebrooke et la bonne foi des Brâhmanes dans leur controverse avec leurs adversaires.

Le Spécimen qui suit l’Appendix est extrait d’une traduction complète du Tao-te-King (Livre du Tao ou de la Raison primordiale suprême et de la Vertu), ouvrage philosophique de Lao-tseu, dont l’âge remonte à près de 600 ans avant notre ère. Ce Spécimen devait former un Appendix au Mémoire sur le système de philosophie Vêdânta, avec lequel la doctrine de Lao-tseu a plus de rapport qu’avec la doctrine Sânkhya (surtout de Kapila). Mais les difficultés et les lenteurs de l’impression m’engageant à publier d’abord séparément, comme une livraison complète en elle-même, les Mémoires sur les systèmes de philosophie hétérodoxes de l’Inde, j’ai placé ici ce Spécimen, que son contenu rend suffisamment intéressant par lui-même, puisqu’il offre l’opinion d’un des plus anciens et des plus célèbres philosophes chinois sur les plus grandes questions que l’esprit humain ait jamais tenté de résoudre, celles de la Cause première et de l’Origine des choses. On verra comment Lao-tseu les a résolues, et quels développements les commentateurs plus modernes ont donnés à ses solutions formulées d’une manière si concise dans les vers du philosophe chinois. On verra aussi quel intérêt puissant la publication de la traduction complète du livre mémorable de Lao-tseu aurait pour l’histoire de l’esprit humain et celle des sciences philosophiques.

Le Spécimen offre le premier chapitre du livre, qui en a quatre-vingt-un. Ayant reconnu, en le traduisant, que cet ouvrage chinois était écrit en vers, j’ai rétabli ces vers dans la reproduction du texte, partout où la rime et la disposition métrique l’autorisaient. Ce fait, qu’aucun sinologue jusqu’ici n’avait reconnu, une fois établi, la traduction du livre devait être faite sous ce point de vue important, et alors se trouvaient expliquées l’obscurité et la concision si célèbres du Tao-te-King, dont le caractère métrique établit un rapport de plus entre l’ouvrage de Lao-tseu et les vers philosophiques sanskrits, ainsi qu’entre ceux de Xénophanes, de Parménides et d’Empédokles.

Paris, le 2 avril 1833.