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Page:Colet - Deux mois d emotions - 1843.djvu/13

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repos que j’y avais vécu l’an passé, deux mois d’émotions tristes et douces à la fois ; halte au milieu d’une vie que les labeurs enchaînent, que la fatigue éteint. Pour un jour chaud savouré soit au bord de la mer, soit sur un rocher des Alpines[1], ou dans la fraîche pleine du Vistre[2], j’aurais donné tout ce printemps de glace dont je traînais le poids heure par heure sous l’atmosphère parisienne. Voulant me rattacher par mes sensations à ce temps regretté, je pensais à relire les pages que j’avais tracées sous ce beau ciel, impressions de voyage adressées à mes amis de Paris, et où je retrouvais tour à tour les sites, les drames, les habitants des lieux que j’avais parcourus. Je me plongeais dans ces souvenirs, et, vu à distance, tout me paraissait beau et bon dans ce cher pays natal ; les plaines brûlées, où des flots de poussière tourbillonnent, glissaient devant mes yeux en frais et riants mirages ; j’oubliais que ces jours chauds que j’aime tant font naître des fièvres épidémiques ; que ces soleils couchants si splendides sont souvent obscurcis

  1. Petite chaîne de montagnes qui s’étend à l’ouest de la Provence.
  2. Plaine de la campagne de Nîmes.