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Page:Colet - Deux mois d emotions - 1843.djvu/21

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une leçon que je vous devais pour l’avenir. — Vous m’épouvantez ! si quelques fragments publiés dans les journaux ont soulevé contre moi de pareilles tempêtes, que sera-ce quand mon livre paraîtra ? il est sous presse, et peut-être notre causerie d’aujourd’hui lui servira-t-elle de préface. — En ce cas, attendez-vous à être lapidée si vous reparaissez-jamais dans leurs murs. — C’est insensé ! — C’est très heureux pour nous, dit-elle avec un aimable sourire ; enfin, vous ne nous menacerez plus chaque année de votre exil en province ; vous nous restez forcément. — Mais mon beau ciel, mon soleil vivifiant ? — Il faut se faire un ciel intérieur inaltérable, un ciel de jouissances intellectuelles et de pures affections contre lequel l’atmosphère et le monde ne peuvent rien.

En cet instant l’orbe du soleil couchant se dégageant lumineux de son voile de nuages apparut au-dessus de l’arc de triomphe de l’Étoile. — Voyez, dit la comtesse, le printemps nous revient, demain vous aurez un beau soleil du Midi, moins la province et les Provinciaux.

Une douce petite voix se fit entendre à ma porte : j’ouvris ; ma fille, blonde et rose se jeta dans mes bras.