Page:Colet - Deux mois d emotions - 1843.djvu/347

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triste, et je comprends que cette vaniteuse demeure reste aujourd’hui abandonnée. De la terrasse du midi, où l’herbe croît et se dessèche et dont les balustres tombent en ruines, on découvre d’immenses terres couvertes d’oliviers et de vignobles, des coteaux fertiles, le double cours du Rhône et du Gardon et le gracieux pont suspendu qui unit Montfrein aux campagnes de Beaucaire. Hier soir, par un magnifique soleil couchant, cette vue n’était pas sans grandeur : toute la vallée submergée ressemblait à un lac enflammé, d’où surgissaient çà et là les grands arbres et les habitations, c’était un beau chaos, un échantillon du déluge.

J’ai visité l’intérieur du château de Montfrein. Je ne vous en dirai rien : partout, un luxe ordinaire et suranné. J’aime mieux vous décrire la chambre où je vous trace ces pages. Nous habitons une des plus vieilles