Page:Colet - Deux mois d emotions - 1843.djvu/375

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— Quelle ombre a passé sur votre esprit ? lui dis-je, voyons, cher maître, chassez toute image noire ; pour moi, en face d’un pareil spectacle, je me sens disposée à une ineffable sérénité de cœur. — Le monde extérieur ne peut rien sur certains souvenirs, me dit-il. — Peut-être en me parlant de ce qui vous attriste votre âme en sera moins affectée. — Curieuse ! répliqua-t-il avec un sourire. — Oui, toujours curieuse et avide de récits, et en ce moment, mieux que jamais, quelque histoire bien terrible ou bien tendre me charmerait. Il me serait si doux de regarder autour de moi et d’écouter sans rien dire. — Eh bien ! je parlerai, dit-il, comme en faisant un effort et en étant entraîné malgré lui ; aussi bien ces souvenirs m’obsèdent, j’ai besoin de les répandre dans une autre âme qui s’y attache et qui en souffre à son tour :