Page:Colet - Deux mois d emotions - 1843.djvu/382

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vrait la table de fruits, de viandes salées et de laitage, nous faisions connaissance avec notre belle hôtesse. Mon ami avait nommé sa famille riche et honorée ; il déclinait ses titres à une hospitalité aimable ; avec assez de fatuité et comme un homme sûr de lui-même il adressait à la jeune fille des compliments qu’elle écoutait d’un air indifférent. Pour moi, tout captivé par ce tableau d’une vie de famille pure et tranquille, qu’elle animait de sa présence, qu’elle embellissait de sa beauté, je me recueillais dans mes sensations. Elle avait déposé sur une chaise le livre que nous l’avions surprise lisant ; profitant d’un moment où elle ne m’observait point, je pus en regarder le titre : c’était le Contrat social de Rousseau. Je laissai échapper une exclamation de surprise. Quoi ! cette simple fille, si jeune et si belle, cachée dans une solitude champêtre, s’inter-