reux ! L’indigence de ces pauvres ouvriers me fit penser à celle des ouvriers d’Angleterre, et alors je fis un rêve : oh ! si j’étais la reine-Victoria, quelle joie ineffable, quelle satisfaction divine j’éprouverais à prendre pour un temps la place de la Providence, et à répandre sur les classes qui souffrent toutes les richesses que la royauté enfouit dans ses palais. Ah ! quel bonheur pourrait être égal à celui de voir tous ces fronts sombres se dérider, toutes ces bouches fermées par l’angoisse de la misère sourire et proférer des paroles d’actions de grâces ; quel plus beau luxe que l’allégresse de tous ces heureux qu’on aurait faits ! Comme on serait belle alors avec la simple robe de mousseline ou de toile perse que Marie Antoinette se plaisait à revêtir dans son riant Trianon ! comme on serait justement fière de s’offrir aux regards des ambassadeurs surpris, le front
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