son frère. La marquise elle-même se sentait sous sa dépendance ; son service, ses femmes, tout était soumis au commandement de l’abbé. Jugeant la situation propice, l’abbé se décida enfin à faire connaître à Diane la passion profonde qu’il nourrissait pour elle. Un mouvement d’horreur, suivi d’un mépris glacial, répondit à cet aveu. L’abbé étouffa sa rage et dit froidement au chevalier : — « À votre tour maintenant, vous savez notre pacte ; cette femme doit nous arriver l’un par l’autre. » Le chevalier fut reçu comme l’avait été l’abbé. Épouvantée de tant d’audace, la marquise eut un instant l’idée de tout révéler à son mari, d’en appeler à son honneur, au nom de leurs enfants. Le souvenir des torts récents du marquis la retint ; qu’avait-elle à espérer de cet homme, il traiterait de folie, de chimère, le récit qu’elle lui ferait de la passion cou-
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