Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/100

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Jacques était bien pauvre ; mais la vigueur de sa volonté suppléait à tout. À force de travail il parvint à comprendre le grec. Il suivit d’abord les cours de Bonchamps, dit Évagrius, professeur de ce temps ; et bientôt le roi François Ier ayant institué une chaire de grec où deux habiles érudits, Jacques Thusan et Pierre Danès, furent chargés sous le nom de lecteurs royaux d’enseigner l’un la poésie et l’autre la philosophie de l’antiquité, on vit Jacques assidu à leurs leçons, interrogé par eux, les étonner et les éblouir. Ils confessèrent enfin qu’ils n’avaient plus rien à apprendre au merveilleux écolier qui, désormais, saurait aussi bien qu’eux commenter Platon, Démosthènes et Plutarque.

Un jour ils l’examinèrent en présence de François Ier et de sa sœur Marguerite de Navarre, qui, elle aussi, savait le grec. Le roi et la princesse émerveillés de son savoir le comblèrent de louanges et déclarèrent qu’ils prenaient sous leur protection le jeune Jacques Amyot, une des gloires futures de la France.

[Illustration : Un jour ils l’examinèrent en présence de François Ier et de sa sœur Marguerite de Navarre.]

Le lendemain de cet heureux jour, les bateaux de Melun déposèrent à Paris un pauvre homme et sa femme vêtus des humbles habits des artisans de ce temps. C’étaient la mère et le père de Jacques Amyot.

[Illustration : Les bateaux de Melun déposèrent à Paris un pauvre homme et sa femme]

» Oh ! mon cher fils, lui dit sa mère en le pressant sur son cœur ; je t’amène ton père qui t’a pardonné et qui est bien fier de toi ! »