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AGRIPPA D’AUBIGNÉ.

Quand j’entends les écoliers de nos jours se plaindre et murmurer pour quelques méchantes et faciles versions grecques ou latines, je ne puis m’empêcher de songer à ce qu’étaient les fortes et universelles études des jeunes lettrés de la Renaissance, et quels écoliers ce furent que les Étienne Dolet, les Rabelais, les Montaigne, les Ronsard et ce petit Agrippa d’Aubigné, dont je vais entretenir mes lecteurs.

Par un jour d’automne pluvieux, trois hommes, couverts de longues robes fourrées, se chauffaient auprès de la vaste cheminée d’une salle toute lambrissée de panneaux de chêne. Cette salle était la bibliothèque du vieux château fort de Saint-Maury, en Saintonge. Une grande table, tendue de cuir, s’élevait au milieu, jonchée de livres, de papiers et d’écritoires de fer. À cette table était assis, dans un grand fauteuil, un petit garçon de sept ans, à la tête déjà méditative, à l’œil vif, à la bouche sérieuse. L’enfant restait courbé, presque immobile ; seulement son regard rapide se portait alternativement du cahier qu’il lisait à un livre grec ouvert devant lui.