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Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/110

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Je lisais par tes yeux en ton âme embrasée

Que tu enviais plus Sénèque que Néron,

Plus mourir en Caton que vivre en Cicéron ;

Tu estimais la mort en liberté plus chère

Que de vivre en servant……

La guerre civile entre les catholiques et les huguenots ravageait alors la France. On faisait des exécutions sanglantes dans toutes les villes. Le seigneur d’Aubigné était zélé calviniste ; en allant à Paris, il passa un jour par Amboise avec le petit Agrippa âgé de neuf ans. Montés sur leurs chevaux qui longeaient les bords de la Loire, ils virent une grande foule se pressant au pied des remparts du château. » Qu’est-ce donc, mon père ? dit l’enfant.

— Suis-moi sans avoir peur, répliqua le père. Je pressens quelque chose de sinistre à la consternation de ce peuple. »

Ils avancèrent à grand’peine, tant la foule s’entassait compacte jusqu’aux premières marches de l’escalier du château. Des hallebardiers étaient là, éloignant à coups de lance les curieux qui s’aventuraient trop près. Le petit Agrippa et son père parvinrent pourtant à se frayer un passage, et découvrirent ce qui attirait la curiosité du peuple.

Dix têtes coupées étaient exposées au haut d’une potence !

Le seigneur d’Aubigné tressaillit : dans ces têtes il venait de reconnaître autant d’amis et de compagnons d’armes. » Oh ! les bourreaux ! s’écria-t-il, ils ont décapité la France ! » Huit mille personnes l’entouraient quand il poussa ce cri d’indignation ; il piqua des deux à