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Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/125

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LE PETIT ASTRONOME.

Par une de ces belles nuits d’été si radieuses en Provence, où l’azur du ciel triomphe de la nuit et éclate à la lueur des étoiles agrandies et d’une pleine lune transparente, un enfant de huit ans sortit furtivement d’une humble habitation du village de Chantersier, traversa un verger d’oliviers qui s’étageaient sur un tertre, et, parvenu au sommet de ce tertre, s’assit sur un roc qui dominait la vallée. Que venait faire là à cette heure de la nuit ce petit garçon vêtu de la veste des artisans ? Était-il poussé par quelque méchante action ? voulait-il dérober des fruits ou tendre des lacets et se livrer à quelque chasse défendue ? Non ; la physionomie de cet enfant est trop riante, son front trop réfléchi et trop inspiré pour qu’il médite quelque chose de mal. Le voilà assis, immobile et les bras croisés sur la pointe d’un roc ; il ne regarde pas vers la terre silencieuse et où quelques chants lointains des pâtres se font seulement entendre : ses yeux se tournent, vers le ciel, ils s’y arrêtent, ils y plongent : on le dirait pétrifié dans l’attitude de l’extase ; est-ce qu’il prie ? Non ; il médite, il pressent ce qui est encore inconnu pour lui et pour tant d’autres,