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Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/129

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voix]

» Eh ! eh ! les vieux ! criaient ces voix, comment dormez-vous, tandis que votre petit vagabond de Pierre a sauté par sa fenêtre et court dans les champs pour y faire la rapine des olives et des figues ? »

Ceux qui parlaient de la sorte formaient une bande de cinq ou six vauriens, les plus mauvais sujets du village, et qui étaient la terreur des fermiers et des cultivateurs. Ils passaient leur temps à voler les fruits, à couper les branches des arbres et à s’emparer de tout ce qui tombait sous leur main. Comme ils savaient qu’on les guettait et qu’ils étaient menacés de la prison, ayant découvert que le petit Pierre, enfant tranquille, studieux, et si honnête qu’il n’aurait pas dérobé une fleur dans un champ, sortait souvent au milieu de la nuit ; quoiqu’ils l’eussent suivi et qu’ils eussent bien vu que l’enfant s’asseyait paisiblement sur les hauteurs, ils résolurent méchamment de l’accuser de leurs méfaits.

» Qu’est-ce donc ? répondit à travers la porte la voix du père de Pierre, qui se leva tout ahuri tandis que sa mère se précipitait dans la chambre à côté où couchait son fils, et poussait des cris en trouvant le lit vide.

— Ouvrez-nous, et nous vous conduirons, répliquaient les voix, et vous verrez que c’est lui, et non pas nous, qui ravage les terres. »

Pleins d’effroi de ce qu’ils entendaient, et surtout de la disparition de leur cher enfant, le père et la mère ouvrirent aussitôt.