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Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/153

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TURENNE.

Un soir, tout était en rumeur et en émoi dans le château de Sedan. La duchesse de Bouillon venait de souper avec son fils cadet, le jeune Henri de Turenne, et le chevalier de Vassignac, précepteur de l’enfant. Le duc de Bouillon, son père, prince souverain de Sedan, était resté sur les remparts de cette ville pour donner des ordres à la garnison. Au dessert, le petit Henri, qui avait à peine neuf ans, mit comme toujours la conversation sur la guerre et sur la vie des héros grecs et romains que son précepteur lui faisait lire et commenter. Il parlait avec feu de leurs exploits et de leurs aventures, et il répétait à sa mère qu’il brûlait de les imiter. Pourquoi rester inactif ? Pourquoi se contenter de connaître la gloire par les récits qu’en font les historiens et les poëtes ? Ne valait-il pas mieux suivre son instinct belliqueux, et léguer à son tour des exploits à l’histoire, des splendeurs à l’épopée ?

Sa mère l’écoutait avec admiration, et cependant comme craintive de l’esprit aventureux de son fils. Cette causerie héroïque se prolongea fort avant dans la soirée. L’enfant accompagnait ses paroles animées de