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Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/155

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La neige s’étendait sur la campagne, douce aux pas comme un tapis d’hermine ; le jeune fugitif eut bientôt atteint les remparts de Sedan, voisins du château ; il se fit reconnaître par un des soldats qui gardait une porte, dit qu’il avait à parler à son père et entra dans la ville.

Cependant la duchesse de Bouillon, attirée par la voix du précepteur de son fils, qui riait aux éclats de ce qu’il appelait une nouvelle espièglerie du petit diable, était accourue suivie de quelques domestiques. On appela Henri de Turenne ; on le chercha de salle en salle, de chambre en chambre, dans les galeries, dans les mansardes, dans les coins les plus reculés du château. M. de Vassignac eut l’idée de simuler des cris et des attaques de guerre, dans l’espérance de l’attirer par ces semblants belliqueux ; mais les échos seuls du vieux manoir répondaient au précepteur effaré et à la pauvre mère éperdue.

» Peut-être est-il sorti dans les champs ! » s’écria tout à coup la duchesse de Bouillon, éclairée par un de ces instincts qui sont la seconde vue des mères.

Au moment où elle prononçait ces mots, on arrivait justement dans l’office par lequel le jeune Turenne s’était échappé. » Voyez cette porte encore ouverte ! dit vivement la duchesse ; c’est par là, j’en suis sûre, qu’il est sorti.

— Justement, voilà la trace de ses petits pieds, dirent plusieurs domestiques en inclinant leurs flambeaux sur la neige.

— Oh ! le malheureux ! où est-il allé ? dit le précepteur transi. Que faire ? où le chercher ?

— Il n’est point temps de délibérer, répliqua la duchesse,