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Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/162

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On crut que l’enfant s’était retiré dans sa chambre ; mais lorsque le vieil officier, qui couchait au château ce soir-là, monta dans la sienne, il y trouva Henri la tête haute, l’air provoquant, et qui lui dit en marchant à sa rencontre :

» Vous m’avez tout à l’heure blessé, monsieur, dans un héros que j’aime ; je vous ai répondu de manière à vous prouver que ceci était sérieux ; maintenant je vous offre et vous demande réparation.

— Je suis tout disposé à vous satisfaire, répliqua l’officier, qui dissimula un sourire paternel ; mais il faut que nous nous battions en secret à cause de madame votre mère, qui s’y opposerait.

— Oui, monsieur, riposta Henri, en secret ! Ce duel aura lieu, demain au petit jour, dans le parc, au pied des trois grands ormes. Cela vous, convient-il ?

— Très-bien, j’y serai. »

Ils se saluèrent courtoisement, et Henri alla se mettre au lit après avoir déclaré à son précepteur qu’il voulait, le lendemain dès l’aube, aller chasser dans le parc. Le précepteur n’osa pas le contredire et en prévint sa mère.

Quand le jour parut, Henri s’arma en apparence pour la chasse et cacha deux épées sous son habit.

» Bonjour, chevalier, dit-il à M. de Vassignac, qui s’étirait dans son lit ; dormez encore, vous me rejoindrez dans une heure, j’aurai fait lever le gibier. » Et il s’enfuit sans attendre de réponse.

En marchant vers le lieu désigné, il aperçut le vieux chevalier qui s’y rendait par une autre allée. Ils échangèrent un salut fier, et arrivés au pied des grands arbres,