Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/172

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N’ayant pu l’obtenir, le jeune Pascal se mit à réfléchir seul sur ces premières notions. À l’heure des récréations, il se retirait dans une salle isolée, et là, un crayon à la main, il s’appliquait à tracer des figures géométriques ; il établissait des principes, il en tirait des conséquences, il trouvait des démonstrations, et il poussa ses recherches si avant que, sans le secours d’aucun des ouvrages qui traitent de l’algèbre, il y fit tout seul d’immenses progrès. Son père le surprit un jour dans cet exercice ; il en fut si touché que des larmes jaillirent de ses yeux. Dès ce jour il n’enchaîna plus l’essor du génie de son fils, et il permit à Blaise d’assister aux conférences des savants qui s’assemblaient chez lui toutes les semaines. Jaqueline aussi méditait à l’écart et, comme son frère, était tourmentée par l’obsession d’un génie naissant. Mais ce n’était point la science qui la sollicitait. Dès l’âge de sept ans elle pensait en vers ; la poésie chantait à son oreille. Quand sa sœur Gilberte (depuis Mme Périer), l’aînée des trois enfants, qui remplaçait leur mère morte, voulut lui apprendre à lire, Jaqueline résista ; à l’heure de la leçon elle se cachait pour y échapper. Mais un jour ayant entendu sa sœur lire des vers tout haut, captivée par cette cadence qui déjà vibrait dans son cœur, elle lui dit :

» Quand vous voudrez me faire lire, faites-moi lire des vers, et je lirai ma leçon tant que vous voudrez. »

[Illustration : Pascal étudiant la géométrie]

Depuis ce jour elle parlait toujours de vers, elle en apprenait par cœur avec facilité ; elle voulut en connaître les règles, et à huit ans, avant de savoir lire couramment, elle se mit à en composer.

Le père de ces enfants de génie s’était établi à Paris