Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/179

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l’Amour tyrannique devant M. le cardinal. Je m’en vais vous raconter de point en point tout ce qui s’est passé. Premièrement, M. Montdory entretint M. le cardinal depuis trois heures jusqu’à sept heures, et lui parla presque toujours de vous, de sa part et non pas de la vôtre, c’est-à-dire qu’il lui dit qu’il vous connaissait, lui parla fort avantageusement de votre vertu, de votre science et de vos autres bonnes qualités. Il parla aussi de cette affaire des rentes, et lui dit que les choses ne s’étaient pas passées comme on avait fait croire, et que vous vous étiez seulement trouvé une fois chez M. le chancelier, et encore que c’était pour apaiser le tumulte ; et pour preuve de cela, il lui conta que vous aviez prié M. Fayet d’avertir M… Il lui dit aussi que je lui parlerais après la comédie. Enfin, il lui dit tant de choses qu’il obligea M. le cardinal à lui dire : » Je vous promets de lui accorder tout ce qu’elle me demandera. » M. de Montdory dit la même chose à Mme d’Aiguillon, laquelle lui dit que cela lui faisait grande pitié et qu’elle y apporterait tout ce qu’elle pourrait de son côté. Voilà tout ce qui se passa devant la comédie. Quant à la représentation, M. le cardinal parut y prendre grand plaisir ; mais principalement lorsque je parlais, il se mettait à rire, comme aussi tout le monde dans la salle.

» Dès que cette comédie fut jouée, je descendis du théâtre avec le dessein de parler à Mme d’Aiguillon. Mais M. le cardinal s’en allait, ce qui fut cause que je m’avançai tout droit à lui, de peur de perdre cette occasion-là en allant faire la révérence à Mme d’Aiguillon ; outre cela, M. de Montdory me pressait extrêmement d’aller parler à M. le cardinal. J’y allai donc et lui récitai