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Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/215

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prête au rôle de geôlier et persécute l’enfance ! Ces deux derniers enfants du roi, d’une intelligence précoce et d’une beauté frappante que Van Dyck a rendue dans un tableau de famille, étaient ceux que le pauvre monarque prisonnier aimait entre tous ; il demanda vainement à les voir pendant qu’il était enfermé à Carisbrooke. Mais le 29 janvier 1649, les soldats de Cromwell virent passer sous la sombre porte de Whitehall deux enfants conduits par une lady[4] ; une petite fille de treize ans, vêtue de noir, avec la fraise à la Médicis entourant son cou délicat et montant jusqu’à l’ovale expressif de sa tête blonde, donnait la main à un petit garçon de huit ans, frêle et amaigri comme elle : c’étaient le frère et la sœur ; tous deux étaient si tristes et si graves, qu’ils faisaient involontairement songer à ce vers de Shakspeare.


So wise, so young, they say do ne’er live long.

[Note 4 : La comtesse de Leicester.]

Ils traversèrent plusieurs salles pleines de gardes, et arrivèrent enfin dans une chambre plus sombre, où ils trouvèrent leur père calme et digne, écrivant devant une table. Mais quand les deux enfants se précipitèrent dans ses bras, la nature éclata en sanglots, et l’héroïsme stoïque fut vaincu ; ce père était Charles Ier, qui devait mourir le lendemain ! ces enfants, la jeune princesse Elisabeth et le petit duc de Glocester !

[Illustration : Les soldats de Cromwell virent passer sous la sombre porte de Whitehall deux enfants conduits par une lady.]

[Illustration : La nature éclata en sanglots]

Quand le roi put maîtriser son émotion, il remit à sa fille quelques bijoux pour sa mère, ses frères et ses sœurs, et, pour elle, la Bible qui ne l’avait jamais quitté