airs sacrés ; depuis quelque temps vous vous négligez, et tous les fidèles de Clermont s’en affligent.
— Eh bien ! monsieur le curé, répliqua un peu brusquement le jeune organiste, que ne rompez-vous le traité qui nous lie ? Vous trouverez mieux que moi ; je ne me sens plus inspiré.
— Mais ce traité vous oblige, mais jamais je ne le romprai, s’écria le curé ; songez que durant un temps vous avez été notre gloire et notre joie ; vous pouvez l’être encore ; adressez-vous à Dieu, priez-le, et l’inspiration descendra sur vous comme une grâce. Pour aujourd’hui surtout, ayez à honneur d’être notre Saül. Je vous quitte, voilà monseigneur qui arrive, promettez-moi que nous serons contents.
— Oui, oui, je vous le promets, » murmura le pauvre organiste, et il s’engouffra dans l’escalier sombre.
Là, seul et ne regardant pas dans l’église, il redevint la proie de ses propres pensées ; il ne rêva plus que Paris, grand opéra, musique profane, et fit serment de nouveau de rompre avec la musique sacrée.
Les chants d’église commencèrent et il préluda une sorte d’accompagnement vague qui éclata bientôt en un air de danse tout à fait discordant avec le psaume qu’entonnaient les enfants de chœur. C’était une ronde de bacchantes qu’il avait composée pour un directeur de théâtre italien. Un chantre vint aussitôt lui dire de cesser et de jouer de la musique d’église ; alors pris d’une sorte de furie, il se rua sur les touches et fit un vacarme d’enfer ; on aurait dit que l’ouragan grondait et que la cathédrale allait voler en éclats, renversée par quelque trombe.
Les assistants étaient épouvantés, les