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Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/261

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Le gentilhomme ôta son chapeau en prononçant ce nom, et la dame s’inclina.

» Je gage, reprit le père, que c’est parce que notre enfant était bon catholique et fils d’un partisan des Stuarts, que ses compagnons d’école l’ont maltraité ! Les misérables ! l’injurier ! lui, si intelligent ! si grand déjà par l’esprit, l’appeler bossu ! »

À ce mot, comme s’il eût été piqué par le dard d’une vipère, l’enfant bondit ; il abandonna le sein de sa mère et se plaça debout entre elle et son père.

» Oui, dit-il, en serrant avec rage ses petits poings, ils m’ont appelé bossu ! et cela en public, le jour de la distribution des prix de l’école, devant leurs parents assemblés. Oh ! je suis sûr, mon père, que si vous aviez été là, vous auriez tiré l’épée. Mais vous étiez en voyage avec ma mère, et vous n’avez pu venger votre fils. »

Tandis qu’il parlait ainsi, son petit corps se redressait, ses yeux jetaient des flammes, son visage était beau d’indignation.

» Calme-toi, disait la mère, tu sais bien qu’ils étaient jaloux parce que tu avais eu tous les prix.

— Oui, ils étaient jaloux, continua l’enfant, jaloux surtout de cette églogue de Théocrite que j’avais traduite en vers anglais, et que mon maître voulut me faire réciter en public. Mais quand je m’approchai du bord de l’estrade, vêtu de ce joli costume de berger que ma bonne tante m’avait fait avec tant de soin et qui, je le croyais, m’allait si bien, leurs voix formèrent un murmure moqueur et ils s’écrièrent tous : Oh ! le petit bossu ! le petit bossu !

— Tais-toi, reprit la mère, tu nous as déjà dit tout