Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/28

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semblait s’y jouer, et Lulle, enfin entraîné lui-même par l’enthousiasme de l’assemblée, le déclara digne de la récompense promise à celui des six candidats qui soutiendrait sa thèse avec le plus d’éclat.

[Illustration : La Mirandole soutenant une thèse.]

Jean, conduit par le docteur, s’avançait vers les gradins où étaient assis les magistrats et les princes, quand tout à coup une voix s’éleva : c’était celle du seigneur Bonacossi, de l’ennemi de sa famille. » Le nom ! demandez le nom de cet enfant ! » criait-il au podestat de Modène ; car son regard haineux venait de reconnaître le fils du comte de La Mirandole. À ces paroles qu’elle a comprises, la mère, pleine d’effroi, fend la foule et s’élance auprès de son fils ; elle l’entoure de ses bras, comme pour le défendre de tout danger. Mais l’enfant intrépide se dégage de son étreinte, et, se plaçant devant le podestat, il lui dit d’une voix forte : » Je me nomme Jean Pic de La Mirandole, fils du seigneur de La Mirandole, comte de Concordia ; je sais que ma famille est proscrite et que nul de nous ne peut rentrer dans ces murs. Je vous livre ma tête, seigneur Bonacossi ; mais je vous demande à vous, podestat de Modène, la récompense qui m’est due. Vous le savez, le choix de cette récompense m’est laissé. Eh bien ! accordez-moi la grâce de ma famille, rendez à mon père ses biens, ses honneurs et sa patrie ; puis faites-moi mourir, si vous trouvez cela juste ! »

Mille voix s’élevèrent pour l’applaudir ; tous les cœurs étaient attendris, des larmes coulaient de tous les yeux, toutes les mains battaient ; le podestat lui-même, ému comme les autres, embrassa le merveilleux enfant et lui accorda sa grâce avec celle de sa famille. Bonacossi fut