Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/307

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ENFANCE DE CHARLES LINNÉ.

Si l’hiver de Paris nous paraît triste lorsque la brume enveloppe la grande ville ; si Londres, avec son manteau de brouillard épais et noir, a, d’octobre en avril, un aspect funèbre qui nous glace le cœur ; que serait-ce de ces longs hivers de la Scandinavie, où la terre est durant plusieurs mois couverte de neige et de glace, où le ciel est comme un couvercle gris terne et sans horizon, à moins qu’une aurore boréale ne l’éclaire tout à coup d’un éclat passager ; la Suède a un de ces climats rigoureux, qui donnent aux esprits toujours obligés de se replier sur eux-mêmes des tendances studieuses et une mélancolie calme ; quant aux corps, ils sont généralement robustes sous ces latitudes, qui offrent beaucoup d’exemples de longévité ; mais malheur aux étrangers qui s’exposent imprudemment à cette température. On dit que Descartes prit un rhume en donnant, à Stockholm, des leçons de philosophie à la reine Christine de Suède, et qu’il mourut des suites de ce rhume : et pourtant les appartements de la reine devaient être chauffés !

Rien n’est plus triste qu’un pauvre village de Suède lorsqu’arrive novembre ; sitôt que le jour cesse, une fumée