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Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/311

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physionomie entêtée, et ayant regardé son fils, il s’écria avec colère :

» Encore ces cahiers et ces herbes inutiles ; je suis résolu à jeter le tout au feu, pour en finir avec votre paresse et votre désobéissance. »

Et comme il faisait un geste pour exécuter sa menace, l’enfant pressait avec force son cahier sur sa poitrine où il croisait ses deux bras, tandis que sa mère arrêtait son mari et lui disait :

» Un peu de patience, mon bon Nils[7], il a voulu ranger ses plantes de la journée, et maintenant il va être tout à ses devoirs de latin ; et elle se hâtait de mettre à l’abri le cahier menacé et d’y substituer le cahier des thèmes et des versions.

[Note 7 : Abréviation suédoise de Nicolas.]

— Femme, en pensant l’excuser vous l’accusez vous-même, s’écria le pasteur toujours en colère, vous parlez des plantes qu’il a recueillies aujourd’hui. Oui, je le sais bien, au lieu d’écrire ici ses devoirs ou de me suivre auprès des malades et des mourants, il est allé fouiller sous la neige et courir, comme un petit vagabond, dans les défilés des montagnes pour y chercher quoi ? je vous le demande ? des herbes sans nom et sans utilité.

— Sans nom, c’est possible, répliqua la femme, aussi ignorante que son mari en botanique, mais pour utiles et salutaires, il y en a qui le sont ; car l’autre jour, quand notre petite Christine s’était fait, une coupure au doigt, quelques feuilles d’une de ces plantes ont suffi pour cicatriser la blessure, et quand notre vieille cousine Berthe s’est brûlée il y a quelque temps si douloureusement,