Aller au contenu

Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/313

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Voilà, mon père ! » dit l’enfant, en posant à côté de la Bible ses pages d’écriture.

Le père les parcourut aussitôt, et quand il eut fini il murmura :

» Bien ! très-bien ! je sais, petit Charles, que vous faites ce que vous voulez, voilà pourquoi je vous trouve encore plus répréhensible quand vous ne m’obéissez pas.

— Je veux vous obéir, répliqua l’enfant en regardant son père avec tendresse et supplication ; mais ne pourriez-vous me permettre que je fisse deux parts de mon temps, une pour l’étude des livres saints et du latin, l’autre pour l’étude de ces plantes et de ces fleurs qui sont pour moi autant de psaumes et autant de versets qui chantent la grandeur de Dieu ?

— Vous êtes fou ! s’écria le père ; je vous ai déjà dit que cette étude puérile ne vous mènerait à rien et entraverait votre carrière théologique ; si vous persistez, vous connaissez ma résolution à votre Égard ; je n’en démordrai pas. »

À ces mots, il se leva et commença la prière que la famille faisait en commun chaque soir ; puis les enfants ayant embrassé leur père et leur mère, se retirèrent pour dormir. Le petit Charles couchait dans un cabinet sombre, ayant pour tout ameublement un lit, une chaise et une étagère en bois de sapin sur laquelle étaient rangés quelques livres et les bien-aimés cahiers de son herbier. À peine fut-il au lit qu’il se mit à pleurer et à rêver aux moyens de suivre sa vocation sans désobéir à son père. Tandis qu’il était dans les larmes, sa mère arriva furtivement ; elle l’embrassa et le consola.

Les mères semblent avoir en elles tous les instincts et toutes les pensées de leurs enfants ; non-seulement elles