Aller au contenu

Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/360

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le portier se mit à rire aux éclats.

» Oh ! ne vous moquez pas de moi, répliqua le bon savetier, c’est pour complaire à un désir de mon enfant qui ne rêve que déesses de l’antiquité.

— Et quel âge a-t-il ce petit gars ? reprit le portier.

— Il a dix ans, reprit le père.

— Allons, allons, il est précoce, continua l’autre en riant toujours.

— Oh ! je vous en réponds qu’il est précoce ; il est toujours le premier à l’école gratuite, il sait déjà tout ce que savent les maîtres, et s’il pouvait entrer dans votre collége, je vous réponds qu’il deviendrait bientôt le plus fort des élèves. Oh ! mon bon monsieur, continuait le vieillard voyant que le portier ne riait plus et l’écoutait avec attention, faites quelque chose pour lui, parlez-en à votre recteur et, en attendant, laissez-moi emporter ces images si vous n’y tenez pas trop.

— Attendez, attendez un peu, répondit le portier que flattait cet appel à sa protection, voilà trois de ceux qui dessinent qui jouent en ce moment à la balle dans la cour, ce sont eux qui m’ont donné ces images, comme vous dites ; ils doivent en avoir d’autres qu’ils vous donneront volontiers, car ce sont de bons petits diables. »

Le concierge appela les trois écoliers, qui bondirent vers lui, et quand ils surent l’objet de la convoitise du savetier :

» Certainement que nous allons vous satisfaire, » s’écriaient-ils tous à la fois ; et courant d’un trait à la salle de dessin, ils en revinrent rapportant des brassées d’études et d’ébauches : tenez, disaient-ils en éparpillant les feuilles aux pieds du savetier, tenez voilà des