Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/365

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dit sur l’admirable sculpture de l’antiquité des choses qu’il ne pouvait connaître encore que par intuition.

Quand le bon recteur lui demanda s’il se sentait des dispositions pour le dessin, il répondit qu’il se sentait de l’attrait, et qu’apprendre à dessiner lui serait toujours bon, ne serait-ce que pour fixer les lignes et les contours des chefs-d’œuvre de la statuaire et de la peinture qui le frapperaient, ainsi qu’on écrit des notes sur un sujet littéraire.

[Illustration : Il émerveille le recteur.]

Le recteur remarqua la justesse de cette réponse, et lui promit qu’il entrerait dès le lendemain dans la classe de dessin.

» Se peut-il, grand dieu ! s’écria le savetier, qui jusqu’alors avait gardé le silence. Vous allez admettre mon pauvre enfant dans votre collége ?

— Oui, dès ce soir revenez avec son petit bagage, c’est une chose réglée. »

Le savetier se confondait en remercîments et bénédictions.

L’enfant salua avec respect et bonne grâce le recteur, qui le baisa au front en répétant : » À ce soir, mon petit ami. »

Le père et l’enfant sortirent tout joyeux, en adressant mille remercîments au portier.

Dans le premier moment, le savetier ne voyait que l’éducation qu’allait recevoir son fils, et celui-ci ne songeait qu’à ses chères études. Mais quand ils se retrouvèrent tous deux dans la pauvre échoppe où leur affection mutuelle leur avait donné, la veille encore, de si bonnes heures, tout en faisant un paquet de ses livres,