UN HÉRAUT. Non, ce jeune chevalier veut combattre encore et sans montrer son visage.
LA FOULE. Qu’il combatte ! qu’il combatte !
LE CHEVALIER, à part. Oh ! je brûle de t’embrasser, mon brave neveu !
LE COMTE. Je n’ai jamais vu de meilleure lance, par saint Georges.
BERTRAND, reconnaissant son père. Quelle voix ! est-ce un rêve ? oui, c’est lui, je le reconnais à son écu ; je dois le fuir jusqu’à ce que le tournoi soit terminé, et je ne le puis, pourtant.
LE COMTE. Je voudrais bien rompre une lance avec vous.
LE CHEVALIER. Excusez-le, il est blessé, peut-être.
LE COMTE. Non, tout chevalier qui est encore sur ses étriers ne doit pas refuser le combat. Je le défie, je l’attaque, il faudra bien qu’il me réponde.
(Il poursuit Bertrand, qui cherche à fuir.)
BERTRAND. En plein tournoi ! en plein tournoi !… Mais non, je ne dois pas me battre contre mon père.
LA FOULE. S’il refuse le combat, honte à lui !
BERTRAND. Oui, je le refuse.
LA FOULE. Honte à lui ! honte à lui !
LE CHEVALIER. Il vient de vous prouver pourtant qu’il avait du courage.
BERTRAND. Et je saurai le leur prouver encore. Défendez-vous, chevalier.
(Il attaque un chevalier qui entre dans la lice.)
LE COMTE. Mais pourquoi m’a-t-il refusé le combat ?
LE CHEVALIER. Nous le saurons quand il se fera connaître.