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BUONAVITA. C’est une noble ambition, mon ami.

FILIPPO. Voyez ? en suis-je digne ?

(Il lui montre ce qu’il vient de peindre.)

BUONAVITA. Mon portrait ! si vite ! pendant que je vous parlais, vous l’avez tracé, vous lui avez donné la vie ! Voilà bien mon regard, en effet, ma moustache noire, ma résille rouge sur mes cheveux bruns… Par Masaccio ! vous serez un grand homme !


SCÈNE VIII.
LES PRÉCÉDENTS, BRUTACCIO avec sa troupe.


BUONAVITA. Venez voir ceci, Brutaccio, cet enfant est marqué de Dieu : nous ne pouvons le retenir plus longtemps prisonnier.

BRUTACCIO. Quoi ! c’est lui qui a peint ta face de brigand ?

BUONAVITA. Oui, lui-même ; un instant lui a suffi pour finir ce portrait.

(Les brigands se rangent autour du portrait de Buonavita.)

TOUS, admirant le portrait. C’est un miracle, ma foi !… Vive le petit Filippo !…

BUONAVITA. Vous le voyez, mon ami, on crie déjà : Vive Filippo ! comme le peuple criait à Florence : Vive Masaccio ! c’est d’un heureux présage.