Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/95

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main au patron, et reçut dans ses bras un énorme pain bis dont la circonférence dépassait celle d’une roue de brouette. Il ne put regarder ce pain sans attendrissement ; c’était sa mère qui l’avait pétri ; et chaque semaine elle devait lui en envoyer un semblable pour qu’il ne mourût pas de faim à Paris.

Il parla longtemps de cette bonne mère, puis de son père et de ses sœurs avec le batelier, et quand il lui eut dit adieu et qu’il se trouva seul dans les rues de Paris, il se mit à rêver à ce qu’il pourrait faire pour prouver un jour sa reconnaissance à sa Mère.

[Illustration : Il reçut dans ses bras un énorme pain bis]

Franchir le seuil du collége, y être admis comme élève et devenir un savant, tel était le but qu’il aurait voulu atteindre. Mais comment y parvenir ? Il se rappelait la brève et brusque réception que le maître lui avait faite et il n’osait guère compter sur sa protection.

Tout en songeant de la sorte, il avait regagné la porte du collége ; il déposa son gros pain dans l’échoppe de l’imagier après en avoir coupé une large tranche qu’il mangea avec délices, puis il s’assit dans son petit gîte attendant les pratiques. C’était le lendemain d’un jour de congé, une dame passa qui ramenait ses deux fils au collége.

» À votre service, madame et messieurs, leur dit le petit Jacques, suivant l’habitude qu’il avait de s’adresser à ceux qui passaient.

— Tiens ! c’est notre petit commissionnaire, dit un des écoliers à son frère ; il faut le recommander à maman, qui lui fera gagner plus que nous ; et aussitôt ils désignèrent le petit Jacques à leur mère. Celle-ci regarda le pauvre enfant et fut charmée de son visage et