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— Aurait-il du cœur ? murmura l’actrice.

— Bien, très-bien, jeune homme, ajouta le docteur avec une solennité bouffonne ; souvenez-vous que vous entrez dans la vie ! entrez-y par la porte dorée : courtoisie et chevalerie auprès des dames ! Vous étiez perdu si vous aviez, déserté ce drapeau ; songez aux conséquences de l’oubli du serment que vous venez de faire ! Fidèle à madame, les cœurs des femmes et les salons parisiens vous sont ouverts ; félon, vous êtes repoussé du monde et proscrit par l’amour.

— Monsieur le docteur, je ferai mon devoir, s’écria l’écolier avec une sorte d’enthousiasme, puis se tournant vers Nérine :

— Adieu, madame, adieu, demain j’aurai quitté les Pyrénées ; j’irai vous attendre à Paris.

— C’est bien, lui dit-elle, vous êtes un brave cœur ?

Et elle serra la main de l’écolier. Le docteur et moi en fîmes autant.

L’actrice se leva, et tendant à son tour sa main au pauvre Adolphe, elle lui dit avec un sérieux comique :

— Voudriez-vous bien vous charger de ma part d’une commission auprès de votre cousin ?

— Laquelle, mademoiselle ?

— Dites-lui qu’il s’est rangé volontairement lui-même, dans la catégorie des maris de Molière.