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iii

À ceux qui ne voulurent pas croire au péril que j’avais couru[1] ou qui l’ont raillé avec la légèreté badine de l’indifférence et de la dévotion, les meurtres récents de Barletta sont venus donner un sanglant démenti.

Si le secours qui me sauva était arrivé trop tard et que j’eusse subi le sort des massacrés de Barletta, sans doute les nouvellistes en belle humeur et les

  1. Ce péril est prouvé par la lettre suivante que M. Vigliani, préfet de Naples, adressa à M. Erdan le 14 novembre (1865) :
    « Monsieur,

    » Par le journal de Naples vous aurez appris que l’autorité et la force sont arrivées à temps pour sauver madame Louise Colet des attaques sauvages de la populace d’Ischia ; je pense qu’à présent elle agirait prudemment en quittant un séjour qui n’est plus sans péril pour sa personne. Une enquête des plus sévères a été ordonnée, et la justice frappera les coupables quel que soit l’habit qui les couvre.

    » Agréez, monsieur, l’expression de mon estime la plus parfaite.

    » Votre dévoué,

    » Vigliani. »

    M. Erdan écrivait lui-même de Naples, le 18 novembre, au journal le Temps dont il est le correspondant :

    « Vous savez que madame Louis Colet a des idées libres, qu’elle exprime librement. Le clergé du lieu annonça qu’elle attirait sur l’île d’Ischia la colère de Dieu ; de là à l’accuser d’être une empoisonneuse, chargée de mettre le choléra, il n’y avait qu’un pas. Il fut fait. Le dimanche 12 novembre, la population courroucée et menaçante s’assembla autour de sa demeure. La garde nationale,