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inondations. Je ne donnai qu’un regard rapide et charmé aux pittoresques remparts de Poitiers et aux terres si fertiles et si soigneusement cultivées qui entourent Angoulême ; la nuit vint lumineuse comme un crépuscule. La lune et les milliers d’étoiles répandirent leur blanche clarté. J’entrevis la large Garonne qui porte des vaisseaux ; nous étions arrivés à Bordeaux, la belle cité aux lignes d’architecture grandioses. Je ne voulais visiter cette ville qu’au retour ; j’avais hâte d’arriver aux Pyrénées et d’y trouver un air pur pour ma poitrine embrasée.

Après une nuit de repos, je pris la route de Dax. Je rencontrai, à l’embarcadère du chemin fer qui conduit de Bordeaux à Dax, plusieurs littérateurs et plusieurs artistes des théâtres de Paris, qui, comme moi, allaient demander la santé aux diverses eaux des Pyrénées. On échangea quelques paroles d’espérance en se saluant ; puis, chacun se précipita pour prendre sa place dans les wagons.

De Bordeaux à Dax, ce sont presque toujours des landes, quelques-unes tout à fait nues, d’autres couvertes de bruyères roses d’un charmant effet. Çà et là, la route est bordée par de petits bois de pins d’où le vent soulève des bouffées de chaleur aromatisée. La cigale chante, les mouches bourdonnent, les abeilles frôlent les herbes et les fleurs ; c’est bien la