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jeune et brune Polonaise de dix-huit ans, à la taille et aux yeux de Junon, aux narines ouvertes, à la bouche charmante et perlée d’où s’échappe une voix puissante dont les échos des Eaux-Bonnes rediront longtemps les accents.

Mademoiselle Lewkowiskh exerce involontairement la flirtition sur tout ce qui l’entoure. Elle paraît et séduit comme les sirènes de Tantiquité dont parle Homère. Parmi ses plus assidus admirateurs durant la saison des eaux, citons M. Eugène Laval[1], architecte du gouvernement, esprit vif et lettre.

Parfois, la belle voix de mademoiselle Lewkowiskh se faisait entendre à l’issue du dîner, ou bien quelque amateur jouait au piano des airs de contredanse. Alors commençait un bal improvisé, et les malades oubliaient leurs souffrances.

Je vois le lecteur sourire à ce mot de malades : les eaux, pense-t-on, n’attirent que les ennuyés et les curieux, et aussitôt que leurs fantaisies sont satisfaites, voilà le mal qui les tourmentait guéri ; le plaisir est donc le meilleur médecin des eaux ! Non, non, il est des malades gravement atteints, et dont le travail, les passions, les chagrins ont miné l’organisation. Il faut à ceux-là un médecin éclairé, qui les

  1. Mademoiselle Lewkowiskh est aujourd’hui madame Laval.