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l’Adour, portant, debout sur son pont, l’aventureux pilote, qui était Napoléon.

Tandis que j’évoquais ce souvenir du haut du clocher de la cathédrale de Bayonne, le soleil commençait à décliner au couchant, rougissant de sa pourpre la cime des vieux ormes des Allées marines, et jetant ses chaudes lueurs sur le rivage de la mer, qui se confondait en cet instant aux dernières limites de l’horizon. Je me hâtai de redescendre, car je voulais être rendue à Biarritz avant la nuit. Pendant qu’on disposait dans la rue du Gouvernement la voiture qui devait me conduire, je retraversai la place d’Armes, je passai sous la voûte d’une porte à bastions, et je me trouvai au bord de l’Adour. Le fleuve coulait à ma droite ; à ma gauche était un quinconce formé par de grands arbres, au milieu duquel s’élevait un arc-de-triomphe en feuillage, pavoisé de drapeaux ; cet arc avait été dressé quelques jours auparavant pour le passage de l’Empereur et de l’Impératrice ; en face de moi se déroulaient avec leur triple ligne d’arbres centenaires les sombres Allées marines. Je me plongeai quelques instants sous leurs longs arceaux ; j’aurais voulu aller jusqu’à la mer en suivant cette route magnifique ; mais la mer m’attendait aussi à Biarritz, et j’y étais attendue. Je regagnai la voiture, le cocher fouetta ses cheveux, et après avoir franchi