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enfants lancent des balles et des cerceaux, où les montagnards béarnais passent en costume pittoresque : ceinture pourpre ceignant leurs reins cambrés, et berret rouge posé de côté sur leurs longs cheveux bouclés ; les uns conduisant de petits chevaux basques : les autres jouant de la cornemuse ou chantant de vieux airs des montagnes d’un rhythme lent et grave, et conservé, assure-t-on, sans altération, depuis le temps des Druides.

Au second comme au premier étage de l’hôtel de France, les appartements dont les fenêtres s’ouvrent sur le Jardin anglais sont toujours habités par des familles riches.

J’ignore si Nérine était riche, mais elle était à coup sûr généreuse ; aucune princesse ne donnait plus qu’elle aux gens de l’hôtel et à ceux de l’établissement thermal. Cependant, soit à cause de son goût pour la solitude et le calme, soit que sa passion des voyages l’obligeât à l’économie, elle avait choisi une grande chambre très-simple, à l’est de la cour. J’étais logée tout près d’elle, et la petite chambre occupée par le grotesque écolier Adolphe de Chaly s’ouvrait aussi sur la galerie de bois. Chaque jour quand la cloche du déjeuner ou du dîner sonnait, nous étions certaines, Nérine et moi, de trouver le jeune Adolphe dans la galerie, prêt à nous offrir son bras ou à nous