Page:Colet - Les Derniers Marquis - Deux mois aux Pyrénées - 1866.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 12 —

devant les dames ! — Et Nérine et moi, qu’il regardait avec confusion, lui adressâmes quelques paroles cordiales pour l’aider à se remettre de son trouble.

La femme du fabricant, la puritaine madame Routier, se hasarda elle-même à lui dire : Est-ce pour la belle cousine que vous attendez que vous vous êtes mis sous les armes ?

— Sans doute, balbutia le pauvre Adolphe, ne sachant à qui répondre ; je croyais que mon cousin et ma cousine arriveraient ce soir.

— Je serais très-heureux de faire leur connaissance, répliqua Routier, d’un air empressé ; je sais qu’ils tiennent à l’aristocratie vendéenne, et je suis des leurs par mes opinions. En disant ceci il se rengorgea.

Cependant l’écolier embarrassé ne cessait de regarder Nérine, qui, ce jour-là, animée et vivifiée par la marche, était d’une beauté saisissante. Le dîner fut rapide comme il l’était toujours depuis que nous n’étions plus que quelques convives. À l’issue du dîner, je faisais habituellement, seule avec Nérine, une courte promenade sur la large voie qui ondule comme un fleuve au flanc de la Montagne Verte et d’où l’on entend les torrents se précipiter dans les ravins. Ce soir-là il tombait une brume froide qui nous fit regagner bien vite nos chambres. Nérine m’offrit de passer la