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ficence aussi bien que d’une conduite si différentes, eurent l’un à l’autre et à tout l’univers un si grand spectacle ; fêtes sacrées, mariage fortuné, voile nuptial, bénédiction, sacrifice, puis-je mêler aujourd’hui vos cérémonies et vos pompes avec ces pompes funèbres et le comble des grandeurs avec leurs ruines ! »

O néant des îles voisines des embouchures d’un fleuve ! pourrions-nous nous écrier à notre tour ; le flux de la mer les étreint et leur jette un jour un linceul de vase en leur disant : il faut mourir ! Où donc est maintenant l’ile célèbre ? Serait-ce, oh ! misère ! cette langue de terre à ras des flots que touche en passant notre barque ? Quelques herbes roussies poussent à peine sur ce sol sablonneux, et l’on n’y trouverait pas un arbuste où pût nicher un de ces oiseaux à plumage doré qui donnèrent leur nom à l’île ; elle s’est affaissée, la pauvre île, non dans les eaux profondes, mais dans le lit du fleuve qui monte chaque jour plus haut.

Notre barque descend toujours vers l’embouchure de la Bidassoa ; nous contemplons avec ravissement la beauté des deux rives qui déroulent sous nos yeux des paysages plus étendus.

Nous laissons à gauche Irun où nous ne devons débarquer qu’au retour, et tandis que nous naviguons sur les flots calmes du fleuve élargi, nous fai-